Face aux changements climatiques, l’Afrique se tourne vers les semences plus résistantes
Le développement de l’agriculture africaine est miné par plusieurs fléaux tels que la sécheresse, le changement climatique, les maladies ou encore des ravageurs. Ces maux sont nuisibles aux cultures et aux récoltes. L’une des voies de recherche pour en réduire l’impact, c’est d’utiliser des variétés, des semences plus résistantes.
Gombo, amarante, oignon ou encore courge, l’antenne béninoise du centre mondial des cultures maraîchères travaille notamment à améliorer les semences de cultures ouest et centre africaines. En cours en ce moment notamment, explique Judith Faton Honfoga, une étude pour implanter de nouvelles variétés de tomates. Parmi les critères : la lutte contre une maladie dévastatrice.
« Lorsque la maladie est dans le sol, les plants de tomates meurent à un moment donné, sans que vous ne récoltiez rien. Donc nous avons des variétés améliorées contre cette maladie. On en est à la phase de test. On a commencé faire des essais avec des producteurs. »
Une fois qu’ils seront validés, l’organisme travaillera avec les centres de recherches nationaux pour mener à bien un travail de vulgarisation. La recherche se penche aussi sur une adaptation au changement climatique. Exemple de l’autre côté du continent, décrit par Juan Lucas Restrepo, directeur général de Biodiversity International.
« On peut développer et croiser naturellement différentes variétés de haricots, pour en produire une nouvelle pour l’Ouganda par exemple qui supportent la hausse des températures de deux degrés. »
Et l’équipe de Juan Lucas Restrepo n’a pas recours aux OGM. « Tout notre travail est naturel, ce qui ne veut pas dire que nous n’utilisons pas des méthodes high-tech pour comprendre les génomes, identifier des séquences génétiques qui permettent à la plante de tolérer la chaleur, les nuisibles et les maladies. Ce qu’il y a c’est que nous avons décidé de ne pas incorporer des gènes d’autres espèces, comme cela se fait pour les OGM. Si on veut produire une meilleure plante de riz, maïs, etc., on peut légèrement modifier le gène à l’intérieur du génome sans faire intervenir des gènes d’autres variétés. »
Se tourner vers de vieilles variétés peut porter ses fruits. Ann Tutwiler, conseillère en chef de Systemiq et ancienne directrice de Biodiversity International, se souvient d’une expérience à partir de 400 variétés de blé dur éthiopien de la banque de semences nationale.
« On en a trouvé 40 qui fonctionnait très bien. On les a confiés à des milliers d’agriculteurs pour les tester. Et certaines d’entre elles ont été sélectionnées pour aboutir à de nouvelles graines plus résistantes au froid, la sécheresse, ou aux nuisibles. C’est une manière de relancer certaines des plus vieilles variétés qui existent. »
Encore faut-il que les agriculteurs puissent s’en procurer. Ann Tutwiler y travaille à travers les informations que fournit la fondation pour un accès aux semences (Access to seeds foundation).