Exportations des produits alimentaires d’Afrique vers l’Europe et les Etats-Unis : normes et règles à respecter
Le marché de l’agro-alimentaire connaît un remarquable essor à travers le monde avec une demande appréciable des produits africains qui offrent une source unique de nouvelles saveurs, couleurs et textures exotiques. Ceci ouvre des opportunités intéressantes, notamment en Europe et en Amérique du Nord, à l’agro-industrie du continent, elle-même en pleine croissance. Seulement, pour profiter au mieux de ces opportunités, les exportateurs doivent se soumettre à une législation contraignante, à l’observation de bonnes pratiques agricoles et proposer une alimentation équilibrée.
Fruits tropicaux séchés, noix de cajous, café, chocolat, sésame, épices, piments, etc. : les produits agro-alimentaires, fruit de la variété des zones écologiques africaines, qui ont en plus l’avantage d’être souvent bio, trouvent une place de plus en plus importante sur les marchés européens et nord-américains.
Des consommateurs exigeants
Grâce aux techniques modernes de préparation et de conditionnement auxquelles l’agro-industrie africaine a de plus en plus recours, les recettes traditionnelles sont transformées en plats et collations très appréciés que le consommateur ordinaire des pays d’Europe ou d’Amérique peut aisément acquérir et savourer.
Seulement, avant de consommer ces produits, l’Américain ou l’Européen se montre souvent exigeant, d’autant qu’on a quelquefois déploré des cas d’alerte à l’intoxication. D’où donc la nécessité de respecter certaines normes, y compris la description détaillée des ingrédients contenus dans ces produits.
L’observation de ces règles et normes est tellement importante que le Centre pour le commerce en Afrique de l’Ouest (WATH-A), basé à Accra au Ghana, a publié en 2006, avec le soutien de l’USAID, l’Agence américaine pour le développement international, le guide d’exportation des produits agro-alimentaires pour les marchés américain et européen.
Protéger le consommateur
Le guide du WATH-A comporte, entre autres, les exigences règlementaires pour accéder aux marchés étrangers. Dans le détail, il permet de connaître les dispositions règlementaires en matière de sécurité alimentaire, les nouvelles législations, les normes ISO (9000-14000), la certification BIO et la certification du commerce équitable.
Selon ce guide, avant d’exporter les produits alimentaires qui ne sont pas d’origine animale, il faudrait, notamment : s’assurer que le produit est conforme aux dispositions réglementaires du marché en termes d’ingrédients, d’additifs, de pesticides, etc. Et s’il s’agit de produits issus d’une unité de transformation ou de production, celle-ci doit respecter et contrôler convenablement les procédures d’hygiène tout au long de la production et durant le transport pour s’assurer que le produit peut être consommé sans danger; l’étiquetage du produit doit être conforme aux règlements qui exigent que des renseignements clairs soient mis à la disposition du consommateur.
Il y a lieu de souligner que la Commission du Codex Alimentarius, créée par la FAO et l’OMS, élabore des normes alimentaires, des directives et des textes connexes (dont des codes de pratique) dans le cadre du Programme conjoint sur les normes alimentaires de la FAO/OMS. Ce programme a pour objectif de protéger la santé des consommateurs, d’assurer des pratiques de commerce équitable et de promouvoir la coordination du travail effectué par des organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales sur les normes alimentaires.
S’agissant des Etats-Unis et de l’Union européenne, il faut dire qu’ils disposent eux-mêmes de leurs propres normes qui, à quelques détails près, sont similaires à celles de l’OMS.
Des règles de sécurité alimentaire
En plus de ces dispositions, un certificat phytosanitaire doit accompagner les plantes et les produits primaires de la récolte (fruits, légumes, graines, plantes, grains destinés à la consommation) et les produits de transformation primaire (farine, céréales, semoule, malt). Le guide du WATH-A précise que la plupart des pays de destination exigent ce certificat, qui doit être fourni par un organisme de certification approuvé tel que le SGS.
Quant au contrôle de l’état sanitaire des unités de production/transformation, il existe de petites nuances entre les Etats-Unis et l’Europe. Le guide indique que, généralement, aucun document sanitaire n’est exigé avant l’exportation (ni certification de l’usine de transformation ni certificats à l’exportation). Par contre, souligne-t-il, les règlements sanitaires doivent observer les Bonnes Pratiques de fabrication (GMP Good manufacturing practices) ou les Bonnes Pratiques d’hygiène (GHP Good Health Practices).
Pour ce qui est de l’Union européenne, la législation est basée sur le HACCP (Analyse des risques et maîtrise des points critiques). Chaque pays, relève le guide, a sa propre autorité pour s’assurer que les règles d’hygiène sont observées par l’exportateur.
Viennent enfin l’emballage et l’étiquetage. Le guide WATH-H indique que lorsqu’elles sont présentées pour la vente au détail sur les marchés des États-Unis et de l’UE, toutes les denrées alimentaires doivent se conformer aux règlements légaux et du marché en matière de conditionnement. Ces règlements ont pour objectif de s’assurer que les consommateurs reçoivent toutes les informations indispensables pour faire leurs choix en connaissance de cause à l’achat de leurs denrées alimentaires.
Le marché de l’agro-alimentaire est donc à conquérir pour les Africains. A condition qu’ils se conforment aux normes et aux règles de sécurité pour y accéder.
Marc OMBOUI - afriqueexpansionmag.com