Le biogaz à la conquête des ménages
L’établissement de la situation de référence sur le biogaz au Sénégal a montré que le sous-secteur des énergies renouvelables (EnR) est actuellement fortement appuyé par l’Etat du Sénégal qui se rend compte, de plus en plus, que les EnRs peuvent contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations en leur facilitant l’accès à des services énergétiques de base qui vont de l’éclairage à la cuisson.
Après plusieurs années de dormance, l’intérêt sur l’utilisation du biogaz est relancé grâce au Programme National de Biogaz Domestique du Sénégal (PNB-SN) qui est un partenariat public privé (PPP) entre le Ministère de l’Energie et Heifer, ayant pour objectif d’améliorer les conditions d’existence des populations rurales du Sénégal, à travers la construction de milliers de Biodigesteurs. Les autorités se rendent compte que le biogaz peut devenir une alternative au gaz butane dont les effets sur les finances publiques et celles des ménages sont difficilement supportables à long terme.
Dans le domaine de la santé, l’OMS note que, contrairement aux idées reçues, le biogaz comporte des risques moindres pour la santé si on le compare aux autres combustibles traditionnels comme le bois de chauffe et le charbon de bois, ce qui en fait un bon combustible. Le biogaz à l’instar du gaz butane peut s’avérer une alternative importante aux combustibles ligneux traditionnels que sont le bois de chauffe et le charbon de bois ; à la limite même, se substituer à eux si des mesures idoines comme l’augmentation du niveau de la subvention aux biodigesteurs et la création d’un fonds d’appui à la protection de l’environnement sont mises en place.
En ce qui concerne sa diffusion au sein du monde rural, des études ont montré que la stratégie la plus pertinente est de recourir, comme l’a fait le PNB-SN, à des structures qui ont une bonne expérience du monde rurale comme les Organisations Non Gouvernementales (ONG) à l’instar de Heifer et les Organisations Paysannes de Base (OPA). En outre, à côté de ces structures, il faut disposer d’une main d’œuvre constituée d’artisans dont des maçons pour satisfaire la demande à un coût moindre et dans des délais raisonnables. Le biogaz est entrain de promouvoir un autre modèle de développement du monde rural qui est basé sur la création de synergies entre l’agriculture, l’élevage, le développement socioéconomique et l’énergie.
Une grande partie de ces bios digesteurs construit avec l’appui de Heifer est déjà opérationnelle, à la grande satisfaction des ménages bénéficiaires. Le biogaz est actuellement l’une des énergies renouvelables les plus économiques et écologiques utilisées dans le monde, et toutes les conditions sont réunies pour son utilisation maximale dans la majeure partie du territoire sénégalais, surtout en zone rurale. C’est une technologie d’utilisation et de maintenance facile qui utilise l’eau et la matière fécale comme matières premières, et au bout du dispositif, on obtient du méthane (ou gaz domestique) pour faire cuire des aliments et alimenter les lampes à gaz, et des effluents permettant de fertiliser les champs. C’est la décomposition des déchets animaux en l’absence de l’oxygène qui permet de produire le biogaz. Comme avantages de l’utilisation du biogaz, il y a un gain de temps et des finances, la réduction de la pénibilité du travail car on n’a plus besoin de chercher du bois et de le transporter sur la tête ; il y a la préservation de l’environnement et moins d’intoxications par la fumée. La contrainte majeure dans l’adoption de cette nouvelle reste le coût élevé de la construction d’un bio digesteur qui avoisine les 400 000 F cfa, somme qui n’est pas à la portée de toutes les bourses, encore moins des paysans. Mais c’est un investissement qui est rentable dans la durée. Avec l’engagement des pouvoirs publics et des partenaires au développement à supporter une partie des coûts de construction et à former des techniciens en la matière, le biogaz pourra devenir, dans un avenir proche, la première source d’énergie pour les ménages qui disposent d’une cuisine en dur et qui recherchent une source d’énergie moins polluante et moins salissante à l’image du gaz butane et en plus moins chère
En vue d’un transfert progressif de la technologie vers les ménages ruraux et les populations bénéficiaires en général, ces différentes composantes sont sous-tendues par un important volet d’information/sensibilisation, de formation/accompagnement, d’appui-conseil et de suivi/supervision, de même que la recherche/développement.
Le Programme de biogaz domestique du Sénégal, mis en œuvre avec différentes composantes opérationnelles (Promotion/Marketing, Opérations techniques, Vulgarisation en plus de la gestion/coordination du programme), va s’exécuter en plusieurs phases dont cette première phase (2009-2014) a concerné les régions de Thiès, Fatick, Diourbel, Kaolack et Kaffrine. Il vise à terme la couverture totale du pays. A terme, il s’agit de favoriser, avec une filière biogaz commercialement viable, l’émergence d’un marché durable du biogaz au profit des ménages sénégalais.
Khady GADIAGA