Sénégal, la tendance est au biodigesteur
Plus besoin de ramasser du bois ou d’acheter du charbon. Plus besoin de régler des factures d’électricité. En Afrique de l’Ouest, la tendance est au “biodigesteur”, une machine qui transforme le crottin en énergie pour la famille entière.
Amadou Faye vit dans la ville de Kaolack, au sud-ouest du Sénégal. Sa famille et lui élèvent des vaches, des chèvres et des moutons, et font pousser des arachides. Depuis deux mois, son foyer de 25 personnes n’a pas utilisé d’autres combustibles que le crottin produit par son bétail :
Ce n’était pas facile de dépenser 300 000 francs CFA [environ 457 euros] pour l’installation. Mais cela valait le coup. Nous n’avons plus jamais de coupure de courant. Nous disposons de notre propre source d’énergie, et les pièces détachées sont faciles à trouver car la compagnie responsable de l’installation nous les fournit.
L’équipement est constitué d’une fosse septique où l’on place des crottes et de l’eau tous les jours, et d’un système de tonneaux dans lesquels le gaz est piégé avant de passer dans des tubes vers la maison. Le coût d’un biodigesteur se situe au Sénégal entre 800 et 920 dollars [entre 595 et 683 euros], selon sa taille. Mais le gouvernement offre une subvention d’environ 40% du prix, selon Alassane Dème. Ce membre du ministère de l’Énergie explique :
La fermentation du crottin ressemble à la digestion humaine. Elle produit du méthane. Ce gaz passe dans des tubes vers la cuisine ou vers une lampe à gaz qui éclaire l’habitation.
Plus d’effets secondaires néfastes
D’autre part, l’utilisation de bois et le charbon a des effets négatifs sur l’environnement. En plus d’être des énergies non renouvelables, ils participent à la déforestation et sont néfastes pour ces femmes qui, chaque jour, passent des heures à respirer les vapeurs nocives. Par ailleurs, les coupures de courant sont si nombreuses que la population a même manifesté contre la compagnie nationale d’électricité du Sénégal.
Le Programme national de biogaz (PNB) quant à lui, soutient la construction de 8000 biodigesteur par des artisans locaux d’ici à 2013.
La Mauritanie, le Burkina Faso et l’Afrique du Sud intéressés par le biogaz
En Mauritanie, environ 3 500 personnes répondent à leurs besoins énergétiques grâce aux biodigesteur. El Hadj Mamadou Bâ, président de l’Association mauritanienne de développement, vante les mérites du projet :
Nous avons commencé par former les femmes de la région de la Vallée du fleuve Sénégal dans le sud de la Mauritanie, afin qu’elles puissent assurer l’installation et la maintenance des kits de biogaz.
Par ailleurs, le fait de récolter les crottes autour et dans le village assainit aussi les lieux de vie. Et finalement, le biodigesteur produit aussi un fertilisant organique très efficace que les foyers ruraux et périurbains peuvent utiliser dans leurs champs. Avec tous ces avantages, l’appareil devrait conquérir l’Afrique entière !
ips.org