Gestion des déchets. Décharge de Médiouna : et si Casablanca copiait Addis-Abeba?
Les décharges à ciel ouvert constituent des catastrophes écologiques et des bombes à retardement en Afrique. Pourtant, des solutions existent et présentent d’innombrables avantages. Casablanca, qui accueille l’une des pires décharges à ciel ouvert du continent, pourrait s’inspirer d’Addis-Abeba.
En Afrique, les décharges à ciel ouvert font malheureusement partie du décor des grandes villes. De Casablanca au Cap, en passant par Lagos, Addis-Abeba, Conakry,…, les montagnes de détritus «décorent» la quasi-totalité des métropoles africaines. Ces décharges sauvages prolifèrent et constituent des bombes à retardement qui explosent de temps en temps pour rappeler à tous les dangers qu’elles représentent.
L’explosion dans une décharge d’enfouissement de produits avariés près de Cotonou, au Bénin, en septembre 2016, a causé plus de 20 morts. L'éboulement en mars 2017 au niveau de la décharge de Koshe d’Addis-Abeba a fait plus de 110 morts. Le glissement de terrain au niveau de la décharge de Conakry, en août 2017, a entrainé une quinzaine de morts. Et la liste est longue.
Ces accidents meurtriers viennent souvent rappeler la triste réalité de l’absence d’une gestion des déchets urbains en Afrique. En gros, le laxisme des autorités en charge du traitement, de la gestion et de l’élimination des montagnes de déchets est patent partout, ou presque, en Afrique, un continent qui génère environ 200 millions de tonnes de déchets par an.
décharge éboulement
Décharge de Koshe (Addis-Abeba, en Ethiopie) lors d'un éboulement en 2017.
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C’est le cas de la grande métropole de Casablanca et l’imposante décharge de Médiouna, l’une des pires décharges du continent. Celle-ci constitue aujourd’hui une véritable bombe à retardement. Les déchets qui se sont entassées durant un peu plus de 3 décennies culminent à environ 45 mètres de hauteur. Du coup, le risque d’éboulement fait courir un risque réel à plus de 1.000 chiffonniers présents quotidiennement au niveau de la décharge ainsi que 20.000 têtes de bétail qui y paissent. A cela s’ajoute évidemment l’urgence écologique et sanitaire que cause l’infiltration continue de plus de 220.000 m3 de lixiviats accumulés au niveau de la décharge. Surtout que cette dernière, ouverte en 1986, devait être fermée en 2010 conformément aux clauses du contrat liant la Commune urbaine de Casablanca à Ecomed. Aujourd'hui, elle est malheureusement toujours active.
Pire, depuis quelques semaines, les habitants de plusieurs quartiers riverains de la décharge se plaignent, une fois de plus, d'une odeur étouffante née certainement de l’incinération sauvage des ordures qui dégage des rejets de poussières et de fumées chargés de particules de métaux lourds et de gaz très nuisibles à la santé. Ceux-ci pouvant entraîner des problèmes respiratoires et des maladies graves comme le cancer.
Face à cette situation, le défi aujourd’hui du Conseil de la ville de Casablanca devrait être celui d’adopter une approche en rupture avec la politique de traitement des déchets suivie jusqu’ici, et qui s’est concentrée uniquement sur la collecte, le transport et la mise en décharge des déchets, sans aucun plan de traitement et de valorisation. Avec une décharge considérée comme l’une des plus importantes du continent, il urge pour le Conseil de Casablanca d’inscrire la gestion des déchets dans la perspective visant à donner une nouvelle vie aux ordures.
D’où la question: quelle solution pour la valorisation des déchets de la décharge de Médiouna? La réponse urge et malheureusement la mairie de Casablanca semble désarmée sur ce dossier crucial.
Partant, des solutions existent. En Afrique, certains ont franchi l’étape visant à donner une nouvelle vie aux déchets. C’est le cas de l’Ethiopie. L’expérience d’Addis-Abeba peut constituer une piste à suivre pour Casablanca. En effet, pour trouver une solution à la décharge de Koshe, qui s’étend sur 5,3 hectares aux environs de la capitale éthiopienne, et dont l’éboulement en 2016 avait causé plus de 110 morts, les autorités éthiopiennes ont construit une unité de valorisation des déchets.
Inaugurée en août dernier, celle-ci est dotée d’une capacité d’incinération d’environ 500.000 tonnes d’ordures par an, soit 1.400 tonnes par jour.
L’avantage de cette unité, baptisée Reppie waste to energy facility (Installation de valorisation des déchets en énergie), au-delà de l’incinération des déchets, elle produit de l’électricité. La combustion de déchets dégage de la vapeur qui fait tourner des turbines de production d’électricité d’une capacité de 25 mégawatts, générant annuellement 185 gigawatts/heure d’électricité. En tournant en plein régime, l’usine va fournir 25% des besoins en électricité des 4 millions d’habitants d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.
Cette unité, d’un coût d’environ de 100 millions de dollars est considérée comme étant la première du genre en Afrique, selon Cambridge Industrie qui l’a construite. En plus de la combustion de 80% des déchets produits par les citadins d’Addis-Abeba et de la production d’électricité, l’unité contribue à la protection de l’environnement en éliminant l’émission de 46.500 tonnes de gaz méthane et en évitant la libération de 1,2 million de tonnes de dioxyde de carbone par an.
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