À Istanbul, vous pouvez maintenant payer les transports en commun avec... des déchets plastiques
En Turquie, la métropole d’Istanbul vient de lancer une étonnante initiative écologique : inciter les usagers de son réseau de transports en commun à recycler les déchets plastiques pour bénéficier de trajets gratuits. Une idée au double intérêt environnemental.
Plutôt que de frauder dans les transports en commun, pourquoi ne pas tout simplement faire un petit geste pour la planète ? C’est - en substance - ce que propose désormais la métropole d’Istanbul, en Turquie, grâce à un réseau novateur de dispositifs de recyclages baptisés "Smart Mobile Waste Transfer Machine".
Lancée il y a peu, l’initiative est simple. Elle propose aux voyageurs de payer leur trajet avec des déchets en plastique et notamment des bouteilles, plutôt qu'avec de l'argent. Pour cela, des machines de récupération automatique de déchets plastiques - aussi appelées "déconsigneurs" - ont été installées en de multiples points du réseau de transports de l’IBB, l’Istanbul Metropolitan Municipality.
Limité dans un premier temps à 25 points de collecte, le déploiement devrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année pour atteindre une centaine de déconsigneurs, des machines dotées d’un ingénieux système de tri.
Tri, broyage et stockage
Une interface électronique est en effet prévue pour assurer la reconnaissance et la séparation des différents types de plastiques que les usagers du réseau sont désormais invités à utiliser comme monnaie d’échange pour leurs trajets.
Après avoir été identifiés, les déchets jetés par les futurs passagers seront déchiquetés, réduits en poudre puis stockés à l’intérieur des machines. En échange, les clients du réseau recevront des crédits sur leur carte de transport.
"Avec ces machines intelligentes, notre service de gestion des déchets et la société municipale de technologies pour une ville intelligente (İsbak) vont contribuer à la protection de l’environnement", expliquent dans un message publié sur les réseaux sociaux les responsables de la capitale turque, dans laquelle s’est d’ailleurs tenu - en avril dernier - le Sommet mondial des villes, un rendez-vous consacré cette année aux villes intelligentes.
Un double intérêt
Le bénéfice pour l’environnement est double, le système contribuant d’une part à diminuer la pollution liée aux transports, et d’autre part celle issue des déchets plastiques, particulièrement préoccupantes à Istanbul mais aussi en Turquie en général où les niveaux de recyclage restent bas.
Avec une population de près de 15 millions d’habitants, la capitale turque génère en effet quotidiennement pas moins de 17.000 tonnes de déchets, parmi lesquelles seules 6.000 sont traitées dans les centres de collecte et de recyclage d’Istanbul, d'après le Daily Sabah. Un triste déficit quand on sait que les déchets revalorisés pourraient avoir bien des utilités y compris fournir de l'énergie.
Néanmoins, la Turquie n'est pas la première pays à mettre en place une telle initiative comme l'a révélé une récente vidéo du World Economic Forum. Des machines similaires ont déjà été installées dans les transports publiques de Pékin et l'échange de déchets contre des trajets gratuits a également été initié dans une ville indonésienne.