COP 21 : ce que les présidents africains ont dit à l’ouverture du sommet
La COP 21 s'est ouverte lundi avec les déclarations, limitées à quelques minutes, de l'ensemble des chefs d'État présents à Paris. Voici les principales déclarations des présidents africains.
- Macky Sall (Sénégal)
« Nous n’avons nul besoin de démonstrations scientifiques sur le changement climatique, car nous le vivons déjà. L’accord doit être contraignant, applicable à tous, juste et équitable.
Pour nous, les énergies propres sont également une source de perte de compétitivité qui amplifie le coût de notre développement.
L’UA a appelé à la création d’un mécanisme piloté par l’Afrique pour coordonner les initiatives dédiées à l’électrification du continent. Le Sénégal appelle les pays à orienter l’argent du fonds vert vers ce mécanisme a raison de 5 milliards de dollars par an sur au moins 10 ans. »
- Moulay Rachid (au nom du roi du Maroc)
« Est il équitable de plaider pour la frugalité quand on a déjà tout ? Est-il légitime que les prescriptions pour la protection du climat soit dictées par ceux qui sont les premiers responsables du réchauffement de l’atmosphère ? Le continent africain mérite une attention particulière. Prenons garde à ce que ces pays n’aient pas à choisir entre le progrès économique et la protection de l’environnement. »
- Abdel Fattah al-Sissi (Égypte, préside le comité des ministres africains de l’Environnement)
« Notre objectif est de représenter le continent africain et de défendre ses droits légitimes au développement.
Nous ne saurions accepter que l’on braque toute l’attention sur l’atténuation et non sur l’adaptation. Il est important que cet accord inclue des objectifs chiffrés sur l’adaptation et qu’il soit juridiquement contraignant.
Les transferts de technologie sont un impératif, la preuve principale du sérieux de la communauté internationale face au changement climatique. »
- Jacob Zuma (Afrique du Sud)
« La solidarité avec les pays en développement (…) doit être intégré à la COP et les financements renforcés de manière significative.
La lutte contre le changement climatique ne doit être considérée ni comme une aide au développement ni comme une assistance mais comme une question juridique dans le cadre des discussions des Nations Unies. »
- Mahamadou Issoufou (Niger)
« Le lac Tchad se meurt et le fleuve Niger s’ensable. Le Niger encourage vivement les États membres à agir pour que l’accord soit complet, solidaire et contraignant. Et qu’il permette de limiter la hausse des températures à 1,5 degrés car une augmentation de 2 degrés dans le monde se traduira pour l’Afrique par une hausse de 3,5 degrés, et pour le Niger de 5 degrés. »
L’accord qui se dessine ne se fera pas sans l’Afrique, nos priorités doivent y figurer, dit Alassane Ouattara
- Paul Biya (Cameroun)
« Le Cameroun, faible émetteur de GES, entend poursuivre sa contribution. Mais les forêts d’Afrique centrale contribuent à la lutte contre le réchauffement. Nous devons sauver les forêts du bassin du Congo, nous devons sauver le 2e poumon de la planète. »
- Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire)
« L’accord qui se dessine ne se fera pas sans l’Afrique, nos priorités doivent y figurer. Les 100 milliards promis d’ici 2020 sont bien en deçà des défis liés au changement climatique et il convient d’étudier des maintenant les modalités du financement pour l’après 2020. »
- Habib Essid (Tunisie)
« La Tunisie a été pionnière à l’égard des conventions et des instruments internationaux : nous avons inclus le réchauffement climatique dans les principes directeurs de notre nouvelle Constitution.
Aujourd’hui, la responsabilité nous impose de faire preuve de suffisamment de volonté politique [face au changement climatique, NDLR]. »
Le risque pour la santé humaine s’inscrit en droite ligne des bouleversements de notre environnement, dit Alpha Condé
- Denis Sassou Nguesso (Congo)
« La faute incombe principalement aux pays développés, aux pays pollueurs, qui n’ont jamais accepté d’assumer leurs responsabilités. Comme tous les pays du bassin du Congo, 2e poumon écologique du monde, le Congo, avec 65% de son territoire recouvert de forêts naturelles, contribue largement à la protection de l’environnement. L’accord doit établir une responsabilité commune mais différenciée dans le changement climatique. »
- Alpha Condé (Guinée)
« La Guinée est confrontée comme d’autres pays au défi du développement et de la protection de l’environnement. À ceux qui pensent encore que les conséquences du changements climatiques sont lointaines, la Guinée et ses voisins ont malheureusement apporté la preuve du contraire avec l’épidémie Ebola. Le risque pour la santé humaine s’inscrit en droite ligne des bouleversements de notre environnement. »
Les grands absents et l’« Africa day »
Parmi les grands absents lors de l’ouverture de ce sommet sur le climat, on comptait notamment le président du Rwanda, Paul Kagamé, qui a annoncé son désistement pour raisons personnelles, ainsi que les présidents de la Tanzanie, du Malawi et de la Zambie. Les présidents Dos Santos (Angola), Nkurunziza (Burundi), Bouteflika (Algérie) et Essebsi (Tunisie) étaient chacun représentés par leur vice-président ou leur Premier ministre. Présent à la COP21, le roi Mohammed VI n’a quant à lui pas fait de discours, mais il s’est fait représenter par son frère, le prince Moulay Rachid.
Lors de la journée de mardi, désignée comme un »Africa Day », un mini-sommet sera dédié à l’Afrique, au cours duquel des financements seront annoncés en faveur de la lutte contre la désertification et pour le développement de l’accès a l’énergie sur le continent.