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AFRIQUE DE L’OUEST : Certains pays s’essayent au biogaz à travers les bouses de vaches

Thecogas Sénégal. Photo: lagazette

Les conséquences néfastes sur l'environnement, liées à l'utilisation du bois de chauffage et du charbon de bois, ont amené certains États africains, comme le Sénégal, la Mauritanie et le Burkina Faso à initier un Programme national de biogaz domestique (PNB), affirment des experts.

L'énergie issue du biogaz apparaît quelque peu comme une solution aux coupures intempestives d'électricité dans ces pays depuis un moment et qui ont entraîné des manifestations contre la Société nationale d'électricité, au Sénégal, dont la plus importante a été organisée le 23 juin dernier.

Toutefois, explique Alassane Dème, secrétaire général au ministère de l'Énergie du Sénégal, si l'objectif du PNB est d'assurer durablement l'approvisionnement des ménages urbains et ruraux en énergie de cuisson, les populations trouvent le coût de l'installation de l'énergie produite à partir des bouses de vaches - le biogaz domestique - trop élevé.

Le PNB vise, selon Dème, à utiliser des bouses de vaches pour produire de l'énergie. La méthode de production de cette énergie consiste à construire des infrastructures sous terre à la manière des fosses septiques par des maçons locaux, dans lesquelles sont introduites des bouses de vaches fraîches avec de l'eau chaque matin. « La fermentation du mélange de bouses et d'autres déchets va produire, dans des conditions similaires de la digestion humaine, du gaz méthane. Ce gaz est acheminé par des tuyaux à la cuisine pour la cuisson ou à un point lumineux pour l'éclairage des maisons », explique-t-il à IPS. L'objectif du PNB Sénégal, selon la coordonnatrice du programme, Anne Mendy Corréa, est de fournir aux ménages ruraux une source d'énergie pour la cuisson et l'éclairage ainsi que de l'engrais organique pour soutenir leurs activités agricoles.

« Pour une ville comme Kaolack (sud-ouest du Sénégal) qui compte 200.000 habitants au moins, l'intégration agriculture/élevage, avec une cuisine adaptée sont au nombre des modalités d'acquisition des biodigesteurs », explique-t-elle à IPS.

Le biodigesteur est un dispositif technique élaboré et installé pour produire le biogaz. Le gaz part d'un premier tonneau de 200 litres et passe dans un autre après filtrage. C'est à partir de ce tonneau qu'on met des tuyaux de transmission du gaz vers le fourneau installé dans la cuisine.

Le biodigesteur coûte, selon les volumes de gaz désirés, « entre 382.000 et 433.550 francs CFA (entre 813 et 922 dollars environ), avec toutefois une subvention de l'État pour les cent premières unités et un apport en nature ou en espèce du bénéficiaire », ajoute Corréa. La subvention varie entre 35 et 50 pour cent suivant la taille de l'installation, selon le secrétariat du ministre de l'Énergie. Ainsi, faire la cuisine et éclairer les foyers des familles rurales et périurbaines du département de Kaolack, sans recourir au bois ou à la lampe à pétrole, mais à partir d'une énergie produite par les bouses de vaches, est devenu une réalité au Sénégal.

Au quartier Léona de Kaolack, les tonneaux contenant du biogaz domestique, issu des bouses de vaches sont visibles. Dans la maison Faye où vivent 25 personnes, l'activité économique principale est l'élevage extensif de vaches, chèvres et de moutons, avec la culture d'arachide. Mais, Amadou Faye, le père de famille, utilise l'énergie à base de biogaz depuis seulement deux mois. « C'est vrai, dépenser 300.000 francs CFA, voire plus, pour installer le biogaz est difficile. Mais je trouve ça important. Depuis que ma maison a commencé à utiliser cette énergie, je n'ai plus de problème de coupures intempestives d'électricité », affirme-t-il à IPS. « Nous avons notre propre énergie. Je peux retrouver facilement les matériels de rechange lorsqu'ils sont abîmés, car le magasin de la société Thecogas Sénégal, chargée des installations nous les fournit », ajoute-t-il, tout joyeux.

Selon Ousseynou Bâ, directeur de cabinet au ministère de l'Énergie du Sénégal, le PNB est également en cours d'essai dans le bassin arachidier de Kaolack et la zone périurbaine de Dakar, la capitale sénégalaise, avec l'installation programmée de 8.000 biodigesteurs d'ici à 2013. A Thiès, non loin de Dakar, Aïssatou Gning, une commerçante, utilise aussi le biogaz. "Je suis restauratrice ; j'ai dépensé plus de 500.000 FCFA (environ 1.064 dollars) pour l'installation du biodigesteur, des tonneaux et des tuyaux de transmission", dit-elle à IPS. "J'ai deux tonneaux de stockage d'énergie et je les utilise depuis cinq mois, et l'aiguille indique que le gaz n'a pas encore bougé. J'ai des bouses en réserve. Je vous assure que c'est coûteux, mais quand on l'a, on n'a plus de problème d'énergie".

Au Burkina Faso qui a aussi commencé à essayer le biogaz, Ignace Ouédraogo, responsable du PNB Burkina, indique que le coût d'un biodigesteur de six mètres cubes (deux tonneaux) varie entre 400.000 et 514.000 FCFA (entre 851 et 1.093 dollars) en fonction de la localité et des matériaux. Cela coûte plus cher qu'au Sénégal, mais il ajoute que l'Etat subventionne son installation.

« L'Etat alloue une subvention de 160.000 FCFA (environ 340 dollars) par biodigesteur. Le bénéficiaire de la région des Cascades (ouest du Burkina) contribue financièrement à hauteur de 190.000 FCFA (404 dollars) et assure la mobilisation des agrégats et de la main-d'œuvre non qualifiée représentant une contre-valeur de 100.000 à 140.000 FCFA (298 dollars)... », explique Ouédraogo

En Mauritanie, El Hadj Mamadou Bâ, président de 'Mauritanian association auto-development', déclare que son pays a déjà fait, il y a plus de trois ans, l'expérience du biogaz très économique sur le plan énergique, sans effet néfaste sur l'environnement et sans frais pour les populations. « Au début du projet dans les localités d'Ari Hara et Dioudé Djéri, dans la vallée du fleuve Sénégal (sud de la Mauritanie), nous avions formé et renforcé les capacités des femmes sur l'utilisation du biogaz afin qu'elles puisent assurer la mise en place et la gestion des kits de biogaz », affirme-t-il. Actuellement, ajoute-t-il, près de 100 familles couvrent leurs besoins en énergie de cuisson dans ces localités grâce au biogaz.

Selon Bâ, il existe localement des femmes capables d'installer et d'assurer la maintenance ainsi que l'entretien des kits de biogaz, au profit de plus de 3.500 habitants, améliorant, par conséquent, leurs conditions d'hygiène dans l'environnement villageois, grâce à la réduction significative des excréments d'animaux utilisés comme matière première pour la production de gaz.

Koffigan E. Adigbli/IPS