Gestion des déchets organiques d’un abattoir : la méthanisation, la solution durable
Le ministre de l’Agriculture du nouveau gouvernement Sonko, Dr. Mabouba Diagne a réservé sa première sortie à l’abattoir de Pikine, l’un des plus gros abattoirs du Sénégal qui abat en moyenne chaque jour plus de 200 bovins et 2000 petits ruminants. Cette activité produit quotidiennement plus de 15 tonnes de déchets solides et au moins 1000 m3 de déchets liquides qui sont hautement polluants car très riches en DBO5 et DCO. Ces déchets liquides sont rejetés dans la nature (baie de hann) sans aucun traitement préalable. Monsieur le ministre a préconisé l’installation d’une usine d’engrais organo- minérale entre autres solutions. A la suite de cette visite, la SOCIETE DE GESTION DES ABATTOIRS DU SENEGAL (SOGAS) qui a en charge la gestion de cet abattoir ainsi que de huit (8) autres abattoirs régionaux, a organisé, une semaine après, un grand nettoyage du site appelé “set-setal”. Cela aura certainement un impact sur l'établissement, mais seulement pour quelques jours. Nous pensons qu’il faut des mesures plus radicales. La solution, nous l’avions pratiquée en installant une unité de méthanisation pour la production d’énergie électrique et thermique mais aussi la production d‘engrais naturel. En valorisant ne serait-ce que 20% des déchets de l’abattoir nous produisions de l’électricité pour satisfaire en partie les besoins de l’abattoir. Cette énergie aurait pu aussi être utilisée pour fournir de l'électricité à plus de 200 ménages ou de répondre aux besoins en gaz de cuisson de 250 ménages.
https://youtu.be/bquSFpsqS08?si=yjHj1Ek4k8s9uCww
Pour des raisons d’utilité publique l’activité n’a pu continuer, le terrain prévu pour son extension a été affecté à un projet plus “important” pour l’Etat du Sénégal de l’époque. Bien que ce projet fût à l'étape pilote, il nous a apporté une grande satisfaction : nous avons démontré sa faisabilité et eu l'honneur de recevoir des personnalités éminentes, dont le directeur de l'ONUDI, à la suite de la recommandation du bureau de mise à niveau.
Une unité de méthanisation c’est quoi ?
« Un digesteur où les restes organiques subissent un processus de bio digestion par l'action de bactéries anaérobies, un processus tout à fait naturel dans lequel du biogaz est produit, et est utilisé pour générer de l’électricité et de la chaleur pour répondre aux besoins énergétiques de l’abattoir lui- même. Dans cette installation, tous les restes d'animaux impropres à la consommation ou à d'autres fins produites par l'abattoir, sont transformés en énergies renouvelables, du biogaz et de l’engrais naturel. Ce qui en fait une solution durable pour la gestion des déchets organiques qui, en plus des avantages environnementaux, fournit de l'énergie renouvelables pour une utilisation électrique et thermique à partir de bioressources provenant de l'abattoir lui-même. L’unité produit également de l’engrais naturel pour une agriculture durable.
Économie circulaire
Un modèle de gestion des déchets et d’autoproduction d’énergie renouvelable pour des installations
productrices de déchets organiques que sont nos marchés, nos aéroports, nos campus (quel qu'il soit),
nos complexes de vente d’animaux sur pieds etc. L'usine de biogaz a, en plus d'une application pratique évidente, un rôle de démonstration des possibilités de gérer les déchets de manière durable et rentable pour des établissements agroalimentaires contribuant à réduire l'empreinte écologique de ces installations et une meilleure transition énergétique. La production de digestat, un engrais naturel reconnu confère à ces installations un rôle positif dans la transition agroécologique pour une meilleure gestion des terres.
Indépendance énergétique et diminution des importations d’engrais chimiques
Dans le cadre de la préparation de la campagne agricole 2024, des informations parues dans la presse révèlent que l'État envisage de consacrer au moins 80 milliards de F CFA à l'achat d'engrais. Le besoin en urée est estimé à 100 000 tonnes, avec un prix de gros de 280 000 F CFA la tonne, représentant un coût total de 28 milliards de F CFA. Concernant l'engrais organique liquide, la demande s'élève à 100 000 litres, vendus à 11 000 F CFA le litre, pour un total de 1,1 milliard de F CFA. Pour l'engrais organique solide, l'État prévoit un besoin de 10 000 tonnes à 210 000 F CFA la tonne. Enfin, pour l'amendement organique, la demande est également de 10 000 tonnes, au prix de 160 000 F CFA la tonne.
En valorisant seulement 20% des déchets organiques disponibles au Sénégal, l'État pourrait significativement réduire ses importations d'engrais chimiques, potentiellement de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA annuellement. Cette démarche contribuerait non seulement à une réduction des coûts mais également à une transition plus soutenue vers l'agroécologie et la régénération durable des sols.
Mobilité durable
Une autre façon de valorisation des déchets de nos abattoirs, la production de biognv qui est l’équivalent écologique du gaz naturel qui fait l’objet de tellement de convoitises. En quarante jours, nous produisons un gaz que la nature met des milliers d’années à produire et qui a en plus l’avantage d’être plus propre car émettant moins de gaz à effet de serre. Ce biogaz, avantagé par sa moindre émission de gaz à effet de serre, une fois purifié et comprimé, peut être utilisé dans tout type de moteur adapté au gaz naturel, incluant bus, berlines, tracteurs, tricycles, motos, etc.
Cuisson Propre
C’est peut-être la solution la plus répandue dans l’utilisation du biogaz. Beaucoup de biodigesteurs domestiques tournent dans le pays. Mais là nous parlons de mise en bouteille du biogaz pour une consommation urbaine et rurale sur le modèle du gaz butane. C’est peut-être là l’avenir de la version ”énergie de cuisson”. Nos populations dans le monde rural auront toujours du mal à se transformer en “producteur d’énergie” mais il leur sera plus simple de consommer leur propre énergie une fois mise en bouteilles.
Création d’emplois verts
Nous n’avons même pas encore abordé les nombreuses opportunités de création d'emplois verts qui s'étendent à travers toute la chaîne de valeur, depuis la collecte jusqu'à la distribution. La solution durable pour la gestion des déchets existe ; il ne nous reste qu'à mobiliser la volonté politique nécessaire pour sa mise en œuvre.
In fine, nous détenons une solution durable pour la gestion des déchets organiques, qui nécessite simplement la volonté politique pour être mise en œuvre. Allons au-delà de la simple production domestique de biogaz ou de compost. Laissez-nous vous démontrer, encore une fois, comment nos systèmes de méthanisation captent, purifient, stockent et utilisent le biogaz, qui est souvent évacué et brûlé à la torche à l'échelle mondiale. Ce gaz est particulièrement scruté car il possède un potentiel de réchauffement global nettement supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2)
Plateforme biométhane ?
La compréhension holistique des enjeux liés aux aspects énergétiques et environnementaux par l'État devrait le motiver à initier des changements substantiels. Pour ce faire, il est crucial de créer les conditions pour une collaboration étroite et coordonnée entre tous les acteurs concernés. Cela inclut les décideurs politiques, les gestionnaires de déchets tels que SONAGED et PROMOGED, les municipalités, les agriculteurs, les agro-industriels, les bureaux d'études et les entrepreneurs du secteur. Une telle synergie refléterait la responsabilité de l'État à orchestrer et à mettre en œuvre efficacement des solutions durables.
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Ce texte a été écrit en étroite collaboration avec M. Masserigne Diop CEO de Biofertiplant.
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