Transformation des déchets de la Sogas en Biogaz : L’alchimie
Thecogas fournit du biogaz à la Sogas à partir des déchets de l’abattoir. Grâce à une technologie innovante, les résidus des animaux sont transformés en énergie et en produits fertilisants. En point de presse le mercredi 28 dernier, les initiateurs ont présenté le projet.
Désormais les déchets produits par l’abattoir de Dakar (ex-Seras) sont devenus une précieuse matière première. Ils sont transformés en biogaz pour alimenter les turbines de la Sogas. «En moyenne 6 tonnes de déchets liquides et 21 m3 de déchets solides sont valorisés chaque jour dans cet abattoir», a soutenu Mouhamadou Lamine Ndiaye, directeur général de Thecogas-Sénégal, au cours d’un point de presse organisé, le mercredi 28 mai dernier. Ce biogaz émanant des déchets a des usages multiples. Il peut être utilisé directement pour la cuisson ou pour l’éclairage. De même, «ce biogaz peut être transformé en carburant, en énergie électrique ou thermique», explique M. Ndiaye. C’est ce dernier cas qui est utilisé au niveau de l’abattoir. Un partenariat entre les deux sociétés a permis de mettre en place cette unité de transformation d’un investissement de l’ordre de 300 millions de F CFA. Une panacée à la lancinante question du volume important de déchets.
En effet, l’abattoir de Dakar produit en moyenne 150 carcasses de bovins et 1200 carcasses de petits ruminants (ovins et caprins). Cette activité génère beaucoup de déchets tels que les contenus de panse, le sang des animaux abattus, l’eau de nettoyage des carcasses et de nettoyage de l’abattoir, les déjections des animaux qui séjournent sur le parc de diète, etc.
«Les déchets liquides étaient drainés vers la mer, occasionnant une pollution marine. Quant aux déchets solides, ils étaient déposés sur le site même de l’abattoir, entraînant ainsi des émanations de méthane, un gaz à effet de serre 24 fois plus nocif que le CO2», rappelle Dr Lamine Ndiaye. C’est à ce problème environnemental que Thecogas s’est attaqué, en proposant une technologie de revalorisation des déchets, en potentiel énergétique. L’unité installée il y a deux mois à la Seras, a une puissance de 100KW. Elle alimente les frigos de l’abattoir et la chambres de stockage. Un projet pilote qui prouve par la pratique que les ordures peuvent être une chance de vaincre notre déficit énergétique.
Thecogas-Sénégal envisage de développer au Sénégal et dans la sous-région des unités industrielles de production d’électricité à partir de résidus agricoles, de déchets industriels, agro-industriels, des villes, etc.
Potentiel
Selon l’ingénieur, les déchets industriels au Sénégal constituent plus de 150 millions de m3 de biogaz exploitable annuellement. «Cela correspond à 366 480 642 de kwh, soit une centrale de 41 MW de puissance», a-t-il ajouté. Quant aux déchets municipaux et eaux usées, le potentiel est énorme. Pour l’ensemble des villes du pays, le potentiel de biogaz est estimé à plus de 50 millions de m3, pour une production d’électricité de 126 GWH/an. Rien que pour Dakar, il est possible de réaliser une centrale de 9 MW sur la base de la fraction fermentescible des déchets ménagers», renseigne M. Ndiaye.
Dans un contexte de raréfaction de l’énergie fossile, cette technologie verte présente d’énormes avantages. «Malgré la lourdeur de l’investissement, il est financièrement intéressant d’investir dans une centrale à biogaz», fait remarque Dr Ndiaye. Il ajoute que : «le kwh produit est beaucoup moins cher car les charges d’exploitation ou de fonctionnement sont minimes, en moyenne 5% de la valeur de l’investissement».
Le Sénégal, grand importateur de produits fossiles, peut amorcer son développement en s’appuyant sur cette opportunité. Aussi, le déficit structurel du Sénégal, entraînant des émeutes récurrentes de l’électricité devrait être une motivation supplémentaire à adopter cette technologie.
Le processus
L’unité pilote de l’abattoir de Dakar comprend un digesteur de 4000 m3 équipé de deux mixeurs et d’une soupape de sécurité, plus des conduites de gaz. Un puits de prémélange équipé d’une pompe d’alimentation du digesteur. Il dispose aussi d’une pompe immergée pour mettre de l’eau dans le puits de pré mélange. On y trouve encore une cabine de pilotage qui permet à l’ensemble de fonctionner, ainsi qu’un désulfurisateur double lignes. Le poste combiné de chaleur et d’énergie est équipé d’un groupe à biogaz de 100 kw, un système d’échange gazeux ou mini chaudière, qui permettent de chauffer de l’eau en récupérant les dégagements de chaleur du moteur : «L’ensemble de l’équipement y compris les frais d’installation et d’assistance technique ont couté 393.035.003FCFA» renseigne, le directeur de Thecogas. Pour lui, le Sénégal dispose d’énormes potentialités dans le domaine de la filière biogaz industriel et ce quel que soit le secteur que nous considérons.